Introduction du project Eco-hammam

Madame Dr. Madga Sibley

Le Hammam et l’Economie Energétique et Durable

M. Said Mouline, AMEE

Hammam Seffarine Et Hammam Ben Abbad À Fès, Des Hammams Durables

M. Rachid Haloui. Architecte, photographe, enseignant, auteur. Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française

La notion de développement durable s’applique à ces démarches qui consistent à réduire l’impact écologique des activités humaines. L’enjeu est économique, environnemental et social. Or la durabilité se joue également dans la préservation des installations humaines qui contribuent à perpétuer les bonnes pratiques sociales. Celles-ci, devenues traditions sont les ingrédients de la cohésion sociale et de l’identité culturelle. L’équilibre des rapports entre les hommes en dépend et il devient de plus en plus nécessaire dans un monde en perte de repères. Nos médinas sont la spatialisation d’un mode de vie millénaire aujourd’hui suranné mais qui a transmis des codes qui se perpétuent, car inscrits dans les gènes. Ils constituent ce qu’on appelle communément la culture, l’identité sociale. À Fès, les principaux hammams traditionnels de la médina datent de l’époque mérinide (XIVème et XVème siècle). En matière de développement durable ils ne peuvent pas être équipés de chauffage solaire, d’une isolation en laine de roche ou de chaudières à biomasse. L’eau et les salles sont chauffés par un système traditionnel immuable. Les terrasses constituent un univers réservé, telle une cinquième façade des bâtiments qui n’admet pas des installations techniques visuellement encombrantes. Mais les murs en maçonnerie épaisse constituent une excellente inertie thermique qui assure confort sans pareil. Le nom même du hammam véhicule une symbolique, un vécu, voire des croyances liées parfois à un saint comme c’est le cas du hammam Ben Abbad. La tradition y est perpétuée par la décoration et le soin particulier dont bénéficient les goulsat, plus qu’un vestiaire, un déshabilloir-reposoir-salon. Les hammams sont une des composantes qui perpétuent le tissage des liens sociaux. Espace de rencontres et de détente, le hammam a cette faculté de conjuguer intimité et convivialité. De ce fait, ils contribuent à un développement social, durable. L’expérience de la restauration du hammam Seffarine et du hammam Ben Abbad sera développée.

Le Hammam en Zones Rurales

M Jerome Skinazi, A&D

Suite à la visite des bâtiments témoins en MPC développés par Architecture & Développement sur la GREENPLATEFORM de l’AMEE à Marrakech, la municipalité d’Oulmès a sollicité A&D pour proposer un programme d’amélioration de l’hygiène pour les populations rurales précaires de sa commune. La commune, qui regroupe une population de 18 706 habitants dont près des 2 tiers vit en zone rurale, a entrepris une mise à niveau du centre urbain et tient à étendre les services publics aux zones rurales afin d’améliorer les conditions de vie et encourager le développement économique de la commune. A ce jour la plupart des zones sont couvertes par un réseau d’adduction d’eau, les maisons sont majoritairement des habitations assez sommaires, qui ont plus de 20 ans et sont, pour les foyers pauvres, principalement auto construites en faisant appel à des matériaux simples et locaux. Pour un coût approchant les 1000 Dhs le m2, la qualité de construction, le confort et les équipements sont impossibles, reproduisant ou créant une précarité et une plus grande vulnérabilité.
A&D a proposé de mettre en place avec la commune, dans le cadre d’un programme plus large d’amélioration des conditions de vie, un projet pilote, qui se concentre sur la mise en place de solutions d’amélioration des conditions d’hygiène pour au moins 25 foyers, l’accompagnement des services techniques de la mairie et la création d’un catalogue de solutions. Le projet proposé vise à apporter une réponse contextualisée et techniquement compatible avec une volonté de développement rural durable, les capacités économiques et techniques de chaque ménage et de la commune.
Il n’est pas question ici de décider d’une solution technique unique que la commune appliquerait sans nuance dans tous les foyers, mais plutôt de proposer des solutions constructives qui permettent aux bénéficiaires d’adapter l’équipement à leur besoin. On favorise des solutions de constructions bioclimatiques faisant appel aux matériaux locaux et aux compétences locales afin que l’entretien et la construction puissent être faits avec les bénéficiaires et les artisans locaux. L’équipement construit pourra être un bâtiment pouvant abriter un WC et/ou une douche, une salle de bain complète ou bien un hammam individuel ou multi familial.

Du Hammam Traditionnel e L’ECO-Hammam Moderne

M Abdelhadi Bennis

Le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro a été très sensible à la dégradation de l’Environnement dans tous les coins de la Planète. Il a adopté une Déclaration générale et trois Conventions qui mettent l’accent sur la protection de la forêt compte tenu de ses nombreux rôles dont notamment le rôle écologique. Ces mesures ont été prolongées par l’adoption des Objectifs du Développement Durables en 2015 qui apportent de nouvelles dispositions à caractères économique, social et de Gouvernance. Par rapport aux Hammams traditionnels, toutes ces mesures convergent vers la nécessité d’assurer leur transition vers des Eco Hammams consommant moins de bois et d’eau et gérés de manière plus moderne et plus efficiente. Tel est l’objectif que visent les parties prenantes intervenant dans le domaine au Maroc. Afin de soulager la forêt marocaine qui souffre d’un sur prélèvement de bois représentant 3 fois sa bio capacité, il est envisagé de réduire de 70 % la consommation de bois dans les Hammams.  A cet effet, on utilisera de la biomasse que le Maroc possède déjà en quantités importantes, on substituera des chaudières améliorées aux anciennes et on introduira des nouveaux brûleurs adaptés. La solution est d’autant plus intéressante qu’elle est largement bénéfique sur le plan économique. L’ambition du Maroc va plus loin. On envisage d’accompagner la transition écologique par la modernisation du mode de gestion des établissements et de la Gouvernance du secteur.  Il s’agit en fait d’introduire l’informatisation de toutes les activités dont notamment la gestion des produits utilisés et la consommation de l’eau et de l’électricité. L’établissement bénéficiera de toutes les assurances nécessaires. Le personnel sera protégé par l’application des lois relatives aux conditions du travail et le droit à la Sécurité Sociale. La clientèle sera renforcée et rassurée quant à la qualité des services par une labellisation attrayante de l’établissement. Le secteur sera doté d’une organisation reconnue et fonctionnant de manière participative, transparente, collective et démocratique. La liaison de Covi 19 à la déforestation et à la dégradation de la biodiversité a renforcé, partout, la prise de conscience pour de nouvelles mesures en faveur de la protection de la Nature. Les parties prenantes dans la gestion des Hammams au Maroc sont interpelées pour saisir l’opportunité en vue de moderniser ce secteur. Un dossier complet sera élaborés et transmis pour approbation et soutien aux Pouvoirs Publics.

Le Hammam et Le Covid 19 Etat Des Lieux

Madame Khadija Kadiri, Coopérative Listijmamam Waraha

COVID19 pandémie mondiale a bouleversé le secteur économique de tous les pays du monde et le Maroc n’en fait pas exception. En effet l’économie du Maroc n’a pas été épargnée  des effets néfastes du COVID19. L’arrêt total des activités durant le confinement imposé par l’Etat Marocain a causé des dommages sans précédent dans  tous les secteurs  (industriel, touristique, culturel, artisanal dont le  hammam fait  parti intégrante). La fermeture brutale des hammams a mis à plat tout le secteur ;  pertes d’emplois,  suppression de 100%100 de chiffre d’affaire pour les propriétaires et exploitants. Les dégâts sont énormes vu l’activité du hammam (eau, chaleur, vapeur) éléments destructifs d’armature et d’équipement dont l’entretien est permanant. La réouverture ne s’est pas faite d’une façon spontanée vu que les hammams sont différents les uns des autres. La majorité des exploitants de hammam souffre de difficultés financières  pour subventionner la remise en état des locaux et machines, honorer les frais de dépenses énergétiques, l’installation des exigences sanitaires  (appareil température, produits, tapis, registre des clients). La réduction de l’effectif à 50%, la distension entre chaque client  et autres engagements administratifs n’arrangent en rien la situation. Durant  le confinement des réflexions sur de nouveaux concepts se sont développés pour la modernisation des lieux par des nouveaux équipements, l’utilisation de l’énergie propre, l’amélioration  de l’accueil, la gestion de la réticence du client encore dans la peur du virus en particulier les personnes âgées et les jeunes.

Le Hammam et Le Covid 19: prioritès

M Ahmed Ennouhi

Les soucis des propriétaires des hammams

M. Mehdi Khaldoun, Fédération des gérantes de hammams

Le Hammam, L’eau et la forêt

M. Baba Driss, Chef de la Division de l’Economie Forestière, Département des Eaux et Forêts

L’énergie est un facteur  déterminant  dans les hammams . Cette énergie est tirée dans la majorité des cas à partir des produits ligneux, essentiellement le bois. Au Maroc, pour des raisons  écologiques, climatiques et socio-économiques , il n’ a pas une forte production de bois  et le besoin dépasse les possibilités d’accroissement  des ressources   forestières. Notamment dans les  zones rurales de montagne où les conditions  de climat sont très rudes et les ménages n’ont pas les moyens pour s’approvisionner en sources énergétiques alternatives. Le manque de bois et son prix élevé font que les propriétaires des hammams se trouvent ainsi face à  une problématique énergétique et environnementale qui hypothèque leur durabilité qui les oblige à d’agir d’une manière responsable. Le Département des Eaux et Forêts a élaboré une stratégie pour traiter la problématique  globale bois –énergie, dont certaines actions sont destinées aux hammams. Parmi ces actions, on cite l’utilisation et le stockage efficace de bois, l’approvisionnement  à partir des sources connues et traçables  et le recours à des sources  alternatives d’énergies, telles que  les biomasses agricoles, le salaire et le gaz.